Vidéo : Clément Viktorovitch « L’art de pitcher une idée » (intermédiaire/avancé)
Dans sa chronique sur le plateau de Clique TV, le politologue Clément Viktorovitch propose une séance de rhétorique pratique « Comment faire pour pitcher une idée pour présenter un projet » et donne 3 conseils. Une occasion pour nous de parler de quelques expressions, telles que « une fois n’est pas coutume », « renvoyer une image », « relever le défi » et bien d’autres.
Expressions dans cette vidéo
Voici les expressions que vous trouverez dans cette vidéo et qui seront expliquées ci-dessous. Dans cet article, nous travaillons plus particulièrement avec les expressions mises en gras.
- une fois n’est pas coutume
- la question qui tue
- à quand remonte … ?
- c’est nul
- renvoyer l’image
- gagner la confiance
- pour vous donner une idée
- relever le défi
- grosso modo
- enchainer sur…
- en l’occurence
- c’est à nous qu’il revient de…
Avant de regarder la vidéo, faites 2 petits tests. Connaissez-vous bien ces mots et expressions ?
Pour chaque défintion, trouvez l’expression ou le mot qui convient le mieux. Déplacez les textes dans les emplacements qui leur correspondent.
Transcription
Clément, hier tu as passé ta soirée devant M6. Bravo !
Beh qui, écoute, tout arrive… J’ai regardé l’émission « Qui veut être mon associé » présenté par Julien Courbet. Le principe est très simple : des entrepreneurs viennent présenter leur projet devant un jury d’investisseurs qui éventuellement peuvent décider de les financer.
C’est donc une émission extrêmement rhétorique. On a des orateurs et des oratrices qui cherchent à convaincre leur auditoire de leur donner de l’argent.
Une fois n’est pas coutume, on va faire une chronique de rhétorique pratique « Comment faire pour pitcher une idée pour présenter un projet ». Eh bien, c’est parti !
Premier conseil avec les tontons afro.
– D’abord un petit quiz.
– Ah, cool, moi je suis à fond !
– Si je vous demande de me citer un plat italien, vous allez me dire … ?
– La pizza !
– Très bien. Bonne réponse. Deuxième question. Quel est selon vous le plat le plus connu du Japon ?
– Les sushi !
– Les sushi.
– Sushi ? Bonne réponse. La troisième et dernière question – la question qui tue, – à quand remonte la dernière fois où vous avez passé une pause déjeuner dans un restaurant afro ?
– À Madagascar il y a 35 ans.
Ah ! C’est pas très étonnant, parce que figurez-vous…
– Beh moi, jamais ! J’avoue c’est nul.
– Bah oui ! C’est pas grave. Mais on a la solution à tout ça.
Voilà, donc ici on a deux entrepreneurs, deux jeunes entrepreneurs…
– Vous pouvez monter le chauffage ? On a senti le frisson de la honte…
[Rires]– En tous cas, on a deux entrepreneurs qui réussissent de fait à capter instantanément l’attention de leur auditoire et pour cela ils utilisent un outil extrêmement simple : la participation directe du public via ce fameux quiz. Et c’est effectivement une bonne pratique. C’est notre premier conseil. Quand on pitche un projet il faut travailler son exorde. L’exorde, c’est comme ça qu’on appelle en rhétorique l’introduction du discours. C’est le moment où vous devez capter la bienveillance de vos auditeurs.
Mais bien sûr une bonne accroche ne suffit pas. On a besoin d’un autre outil que maîtrise parfaitement Stéphane.
SmartPower c’est quoi ? C’est le premier crampon orientable au monde pour le football et le rugby. Nous améliorons la puissance des joueurs dans la mêlée de 10%. Un gain moyen en accélération de 42 cm sur 20 m. Nous avons démontré que nous arrivions à diminuer la fatigue des joueurs de 10%, ce qui est énorme.
Voilà, donc là on voit que la présentation de Stéphane est peut-être un peu moins flamboyante, mais elle utilise habilement un autre outil : la multiplication des données chiffrées qu’on cherche à avoir les plus précises possibles. ça n’est pas un hasard, en rhétorique on appelle ça des marqueurs d’autorité.
Stéphane s’applique à parler comme quelqu’un de compétent, ce qui participe à susciter la confiance des auditeurs.
C’est notre deuxième conseil : travailler son ethos. L’ethos c’est l’image que l’orateur renvoi de lui-même dans son discours afin de gagner la confiance.
Mais il manque encore un dernier ingrédient. Et se sont Flavien et Matthieu qui nous montrent comment l’utiliser.
En fait aujourd’hui on fait tous très attention à ce qu’on mange, on fait attention à faire du sport, on fait attention à notre santé. Pourtant aujourd’hui, tout de suite, autour de vous, le pire ennemi pour votre bien-être vous entoure. Il est invisible et inodore. C’est en fait la pollution de l’air. La pollution de l’air aujourd’hui c’est plus de 9 millions de décès dans le monde. Pour vous donner une idée, c’est l’équivalent d’une ville comme New-York qui disparaît tous les ans. C’est pour cela que avec Matthieu on a essayé de relever le défi est de trouver une vraie solution pour protéger les gens de la pollution de l’air dans leurs déplacements tous les jours.
Alors là, on a un discours qui est tourné dans une seule direction : susciter la peur et l’anxiété chez les auditeurs. Le fond du discours grosso modo consiste à dire : « savez vous que vous êtes en danger de mort ? » Ce qui permet immédiatement d’enchaîner sur « rassurez-vous, nous avons la solution ! »
Et ça, c’est ce qu’on appelle un pivot émotionnel. En l’occurrence le pivot peur/soulagement, ce qui permet (c’est très pratique) de présenter sa proposition comme la résolution d’une angoisse que l’on a soi-même créé.
C’est évidemment notre troisième conseil : utiliser le pathos, les émotions, pour soutenir son argumentation.
Alors une seule nuance pour finir. Les procédés qu’on a vu, ils ne sont pas réservées à la présentation de projets, on les retrouve également dans le marketing publicitaire et dans la communication politique. Ils peuvent être utilisés de manière honnête ou déloyale, ils peuvent être mis au service de la meilleure comme de la pire des causes. Ce sont des outils et c’est à nous qui les utilisons qu’il revient d’être responsable.
– Merci Clément !
Zoom sur 4 expressions : une fois n’est pas coutume, pour vous donner une idée, renvoyer une image, relever le défi
Une fois n’est pas coutume
Dans la vidéo : Une fois n’est pas coutume, on va faire une chronique de rhétorique pratique « Comment faire pour pitcher une idée pour présenter un projet ».
L’expression « Une fois n’est pas coutume » est utilisée pour dire qu’on peut changer une habitude, pour une fois, sans conséquence.
Elle « signifie que l’on peu faire exceptionnellement une chose que l’on aurait tort de faire habituellement. Ou que l’on peut changer ses habitudes de manière exceptionnelle, sans que cela n’engage pour l’avenir. » (https://jaimelesmots.com/)
Pour mieux comprendre le sens de cette expression, vous pouvez consulter cet épisode du podcast de « Français Authentique » :
Français Authentique : Une fois n’est pas coutumeEt voici une autre explication très claire de l’expression « Une fois n’est pas coutume » :
L’expression une fois n’est pas coutume est utilisée dans des situations où quelqu’un va faire quelque chose de différent de son quotidien. Ça peut être le fait de sortir, boire de l’alcool, manger à un restaurant de luxe, voyager, acheter un vêtement, etc. L’expression peut être utilisée afin de se convaincre de faire quelque chose, ou bien de convaincre d’autres personnes.
Si l’on regarde l’expression littéralement, on peut voir le sens donné. Les coutumes sont des choses qu’on fait régulièrement. Si l’on fait quelque chose seulement une fois, cela ne va pas dire qu’on va ou doit continuer à le faire ; il ne va pas devenir une coutume. Donc, on peut se permettre un petit luxe un jour sans trop s’inquiéter parce qu’on va être plus sage les autres jours.
(https://regardsurlefrancais.com/)
По-русски
Точного эквивалента этого выражения в русском языке нет. Вот наиболее близкие обороты:
- в виде исключения
- один раз не в счет
- один раз не повредит
Exemple
« Dame ! elle sort si rarement, cette enfant! Une fois n’est pas coutume ! Elle m’a témoigné ce matin un si grand désir d’aller avec nous !… » (Théodore César Muret, Mademoiselle de Montpensier: histoire du temps de la Fronde)
Pour vous donner une idée
Dans la vidéo : Pour vous donner une idée, c’est l’équivalent d’une ville comme New-York qui disparaît tous les ans.
« Pour vous donner une idée » est une expression couramment utilisée pour donner un exemple, une illustration simple, une représentation approximative de quelque chose.
По-русски
- дать представление о чем-либо
Ici « idée » = représentation élémentaire, sommaire ; aperçu, exemple.
C’est dans ce sens qu’on emploie le mot « idée » dans les tournures suivantes :
- avoir une idée (de quelque chose ou de quelqu’un)
- donner une idée (de qqc. ou de qqn)
- se faire une idée (de qqc. ou de qqn)
Exemples
Ces chiffres suffisent à donner une idée de….
Vous avez une idée de ce que cela peut être?
Vous pouvez avoir une idée de mon ouvrage et de son étendue en jetant un regard sur la couverture que je joins à ma lettre (Balzac, Correspondance)
Elle était venue, comme ça, en passant, regarder les couronnes, pour se faire une idée. Elle demandait les prix (L.Aragon, Les Beaux Quartiers)
La nature a percé plusieurs rochers du globe, pour y faire passer des veines d’eau et des filons de métal (…). Pour donner une idée de ces aqueducs souterrains, je dirai deux mots de celui que j’ai vu à l’Ile-de-France. (J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature)
Pour aller plus loin :
Expessions pour donner des exemplesrenvoyer une image
Dans la vidéo : L’ethos c’est l’image que l’orateur renvoi de lui-même dans son discours afin de gagner la confiance.
expression figée, employée au sens figuré
Renvoyer une image (de…) = refléter, laisser voir un aspect de quelque chose ou de quelqu’un, donner une image, une idée de quelque chose ) , y compris renvoyer une image de soi-même. Dans la phrase, le mot image dans cette expression est généralement accompagné d’un adjectif qualificatif (renvoyer une bonne image, une image positive, une image moderne, etc.).
Exemples
Quel que soit le public auquel elle s’adresse, la communication a pour objectif de renvoyer une bonne image de l’entreprise.
Cela passe par la réhabilitation des locaux mais également par la tenue des policiers qui doit renvoyer une image positive de ceux-ci.
Apprécier le soin qu’une collaboratrice a apporté à son allure, c’est aussi lui renvoyer une image positive d’elle-même.
Transmettre aux générations futures et se souvenir, ce n’est certainement pas tourner la guerre en spectacle et renvoyer une image fantasmée de celle-ci à qui ne l’a jamais faite.
Elle veut aussi renvoyer une image moderne, actuelle, connectée, en phase avec les enjeux de société et la communication 2.0.
relever le défi
Dans la vidéo : C’est pour cela que avec Matthieu on a essayé de relever le défi est de trouver une vraie solution pour protéger les gens de la pollution de l’air dans leurs déplacements tous les jours.
Relever le défi = accepter un challenge, une situation difficile à surmonter, une tâche compliquée à réaliser.
www.linternaute.fr
По-русски
- принять вызов
Exemples
Il me semblait fragile, je ne pensais pas qu’il allait relever ce défi avec autant de volonté. (www.linternaute.fr)
Malgré les obstacles inhérents à la société iranienne actuelle, des femmes sont déterminées à relever le défi. Optimistes, elles disent percevoir des changements alors que le pays connait un mouvement de contestation. (www.boursorama.com)
De l’entraînement physique à l’alimentation en passant par la récupération, l’équipement et le sommeil, voici tous les conseils indispensables pour se préparer sereinement et relever le défi de son premier marathon. (M.-H. Paturel, Mon premier marathon)
Monsieur le Président, nous devons aujourd’hui relever un défi politique majeur.
Ceux qui connaissent Mosimann, savent que le DJ-Producteur-Couteau Suisse, aime à relever des défis, et aujourd’hui c’est à lui même qu’il a décidé de s’en lancer un.

